Joseph Perrier

Joseph Perrier (1911-2003) était un violoneux réputé de Champs-sur-Tarentaine, commune cantalienne située au bord du plateau de l'Artense, au-dessus de Bort-les-Orgues.

Joseph Perrier (1911-2003) était un violoneux réputé de Champs-sur-Tarentaine, commune cantalienne située au bord du plateau de l'Artense, au-dessus de Bort-les-Orgues. Il y a exercé les métiers de menuisier et d'agriculteur, mais a eu une importante activité musicale à différentes périodes de sa vie, jouant de nombreux bals, noces et animations diverses. La dernière époque de cette carrière, des années 1970 à sa mort, s'est faite en grande partie en compagnie de nombreux jeunes musiciens « revivalistes », attirés à la fois par ses grandes qualités musicales et par la chaleur de l'accueil de Joseph, et particulièrement de sa femme Germaine.

Dans le monde foisonnant et multicolore du violon populaire de l'Artense, Joseph se distinguait par un son inimitable, net, puissant et vibrant, ainsi que par sa capacité à assimiler et à styliser un répertoire varié et très étendu. On trouve ainsi sous son archet de nombreuses bourrées locales artensières, parfois du répertoire de son père ou de son oncle, eux aussi violoneux, mais aussi des valses viennoises ou de style musette, toutes sortes d'airs du « folklore auvergnat » ou des compositions plus récentes dites « néofolklore », ainsi que des airs de chansons traditionnelles anciennes, notamment les airs de revelhets (ou « réveillez », chants de quête de la Semaine Sainte).

Jusqu'à la fin, Joseph était resté désireux d'apprendre de nouveaux airs. Ainsi, son répertoire porte la trace de ses différents compagnonnages musicaux, depuis les airs de « danses brillantes », héritage, avec une influence « classique », de son mentor Joseph Rivet (1899-1966), jusqu'aux ultimes rencontres avec les jeunes violoneux venus d'ailleurs que nous étions dans les années 1990.

Sa technique violonistique était étendue, incluant des démanchés fréquents, des glissés et vibrés très caractérisés, des coups d'archet variés et très maîtrisés : jeu lié « en coulé » sur certaines bourrées, détachés et martelés très précis, attaques incisives, contrastes entre notes amples et détaché rapide. Comme la plupart des violoneux, Joseph jouait tout son répertoire en tonalité de Ré, et en Sol pour quelques airs.

On peut relever dans son jeu l'usage expressif de nuances d'intonation (micro-intervalles), en particulier sur les troisième et quatrième degrés de la gamme. La variation du quatrième degré (plus ou moins haussé par attraction du cinquième degré) prend souvent place comme nuance, sans altérer fondamentalement la couleur modale très majeure de son répertoire. En revanche, dans une certaine famille de mélodies, principalement des bourrées du répertoire local (dont celles faisant l'objet de cette étude), des oscillations du troisième degré nous entraînent sur un terrain plus déroutant pour l'oreille moderne . Ces variations de place de l'index, souvent au cours d'une même mélodie ou bien entre deux interprétations du même air, installent une ambigüité entre majeur, mineur, et valeur intermédiaire (parfois appelée tierce « neutre »). Ces couleurs ne sont pas un phénomène isolé, car on peut les retrouver chez d'autres violoneux et chanteurs de l'Artense, et bien au-delà.

Joseph Perrier a été très souvent enregistré et filmé. On peut notamment l'entendre sur le vinyl « Violoneux et Chanteurs Traditionnels en Auvergne » (33 tours Chant du Monde 1977), le coffret « Cantal : Musiques Traditionnelles » (2 cassettes audio AMTA 1991) et surtout la cassette « Musique du Canton : Champs-sur-Tarentaine » (cassette audio AMTA 1987). Un portrait filmé de Joseph a été réalisé par Luc Roche « Joseph Perrier : Violoneux de l'Artense » (VHS Héritage Production – AMTA 1995), et il apparaît aussi dans le film « Des violons en sabots » de Francis Lapeyre (DVD L'Harmattan 2013). Certaines de ces publications sont difficiles à trouver aujourd'hui, on pourra néanmoins consulter beaucoup d'enregistrements audio sur la Base Interrégionale du Patrimoine Oral.

Texte : Jean-Marc Delaunay

Crédits photo : Alain Barse, 1995, Association Les Brayauds - CDMDT63. Rencontres de violons au Gamounet, 1995.

Oeuvres interprétées par Joseph Perrier :

Lo curat de la chapela, La calha, ainsi que d'autres pièces dans l'étude
Lo curat de la chapela - La calha