Zikr Qâdirî Khâlwatî

/

La pratique

Niveau de présentation : Avancé

Syrie > Musique sacrée > Zikr

Zikr Qâdirî Khâlwatî


Musique sacrée
Glorification du Sublime : ouverture
Zikr d'Alep, Syrie
Zikr

Zikr Qâdirî Khâlwatî de la Zâwiya Hilaliya à Alep

Chanteurs :
Muhammad Hakim (chantre principal), Abdullah Rihawi, Abdurahman Halak, Ahmad Machal, Muhannad Alwan, Ahmad Moslemani, Bakri Basal, Abdulhadi Kasara, Omar Shaban Hosayn, Ibrahim Karman.
 

Cette analyse propose de commenter l’extrait d’une cérémonie de zikr (ou dhikr) mené par la confrérie Hilaliya d’Alep. Le déroulement modal, mélodique et rythmique est soutenu par une gestion particulière de la vitesse et de l’intensité.
 

Disque Chant soufi de Syrie. Dhikr qâdirî khâlwatî de la Zâwiya Hilaliya, Alep, Inédit/Maison des Cultures du Monde, 2002 (piste 1). Enregistré le 22 mars 2001 à la Maison des Cultures du Monde (Théâtre de l’Alliance Française), Paris. © Maison des Cultures du Monde

 

La pratique

Le maqâm en pratique : modes, jins, modulation

Page 6/6


Concentré de musique arabe et de la fabrication du maqâm

Un maqâm est une succession et une progression de genres appelés jins (pluriel ajnas).
Un maqâm peut comporter 15 genres.

Un jins (« genre ») peut être défini comme un accord horizontal composé de 3, 4 ou 5 notes qui sont utilisées dans la musique du Moyen et Proche-Orient.

Il y en a actuellement neuf, que l'on peut classer en rois, reines, prince, princesse, et à partir de là former des familles de genres. Ces 9 genres sont les suivants :

  • 3 rois de 5 notes qui sont :
    Nahawand (1er roi, genre mineur) : do – ré – mib – fa – sol
    Rast (2ème roi) : do – ré – mi1/2b –  fa –  sol
    - Nikriz (3ème roi, triton) : do ré mib fa# sol

     
  • 4 reines de 4 notes :

    - Kurdi : sol – lab – sib – do

    Hijâz : sol – lab – si – do
    Bayati : sol – la1/2b – sib – do
    Saba : sol – la1/2b – sib – si
     
  • 1 princesse : Sigah : mi1/2b – fa – sol
     
  • 1 prince : Ajam (majeur) : mib – fa – sol

Tous ces genres se succèdent pour former des maqâms. Il faut les voir comme une progression. Ce sont des accords horizontaux que l’on met bout à bout pour composer.

On forme ainsi des royaumes : 1 roi + 1 reine + princesse et/ou prince. Le royaume constitue une octave de do à do, mais n’est pas nécessairement de 7 notes, c’est un espace de cheminements possibles dans l’espace du royaume déterminé par les genres mis ensemble.

Par contre à partir de la même tonique : on peut les mettre ensemble mais ce sont alors des frères et sœurs, les règles sont donc différentes de celles du mariage entre un roi et une reine.

Fawaz Baker joue ici au 'ud ces genres, leur succession et leur formation en royaumes  :

Les genres (jins) et les modes (maqâms), par Fawaz Baker. © Drom 2020

Modulation et transposition

Pour moduler, à partir de la quinte - qui est la note charnière ou dominante (ou fixe), on entre dans un autre accord en mariant roi et reine, par exemple Rast en do et Bayati en sol. Auxquels on peut ensuite ajouter le frère de Bayati en sol, c’est-à-dire Rast en sol.

Ou bien on peut marier roi et reine à partir de n’importe quelle tonique, par exemple Bayati et Nahawand en sol.

Le jeu s’effectue ensuite entre les procédés de transposition et de modulation, qui sont bien différents.

Disons pour résumer qu’un mode, en musique arabe, est le genre, le jins ; alors que chez Coltrane, le mode est le royaume formé par le roi et la reine (modes ionien, dyonisien, etc.)

La modulation, par Fawaz Baker. © Drom 2020

28 juillet 2020

Fawaz Baker

Musicien, compositeur